Biologie animale, Comportement

Les mésanges sanguinaires

L’hiver sous nos latitudes n’est jamais une partie de plaisir pour les plantes et les animaux. Pendant cette période, certains vont entrer en hibernation et ralentir leur rythme de vie tandis que d’autres vont emmagasiner des réserves avant cette longue phase de torpeur.

Néanmoins, certaines espèces n’ont pas ces capacités et vont rester actives durant les grands froids, ce qui nécessite un apport continu en nourriture. Mais le problème c’est que celle-ci se fait rare et il faut donc redoubler d’efforts et d’ingéniosité.

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Une mésange charbonnière se nourrissant d’un sizerin après l’avoir tué. (© Lassi Kujala)

C’est le cas de la mésange charbonnière (Parus major) qui peut chasser des insectes, riches en protéines, pour nourrir les oisillons mais qui, le reste de l’année, se contentera de graines qui lui apportent un apport suffisant en énergie pour lutter contre le froid.

Mais voila, dans certaines zones, le froid est si important que les graines ne suffisent plus à sustenter les mésanges.

C’est une étude menée en Hongrie qui a dévoilé la face sombre de cette espèce. Pour se nourrir, ces petits oiseaux aux allures joviales et grisantes sont prêts à tout, même à tuer avec barbarie des animaux bien éloignés de leurs proies habituelles.

Des chercheurs hongrois ont observé le comportement des mésanges et ont remarqué ceci : quand elles découvrent l’entrée d’une grotte où des chauves-souris hibernent, elles ralentissent leur vol et se posent régulièrement sur les parois.

Mieux encore, grâce à des émetteurs sonores, ils ont aussi montré contre toute attente qu’elles sont capables d’entendre certaines fréquences d’ultrasons émises par les chauves-souris afin de mieux les repérer et les traquer.

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Cadavres de chauves-souris victimes des mésanges, seule la tête a été mangée. (© Péter Estók)

Une fois la colonie trouvée, les mésanges charbonnières attaquent et tuent par décapitation une partie des chauves souris présentes dans la grotte.

Leur forfait accompli, elles vont pouvoir se repaître de cet organe tendre et riche en énergie : le cerveau. Ainsi, les mésanges charbonnières (pas si mignonnes que ça tout compte fait)  peuvent affronter plus sereinement les rudesses de l’hiver.

Les oiseaux non migrateurs, comme bien d’autres animaux, comptent davantage sur des comportements alimentaires innovants durant l’hiver que sur un changement d’habitats pour survivre. Ces adaptations localisées leurs permettent de supporter des conditions climatiques qui ne sont pas toujours optimales et ainsi maintenir les populations.

■ Jérémie Souchet

Références bibliographiques

• Estók, P., Zsebők, S., & Siemers, B. M. (2009). Great tits search for, capture, kill and eat hibernating bats. Biology letters, rsbl20090611. https://doi.org/10.1098/rsbl.2009.0611

📷 Photo en-tête : Lassi Kujala